Appel à communication – Call for paper
Hommes et travail du métal dans les ville médiévales : 35 ans après
Craftsmen and metalworking in medieval cities : 35 years later
Colloque international – Internal symposium
en hommage au – in honour of
Professeur Paul Benoït
Résumé
Le colloque Hommes et travail du métal dans les villes médiévales : 35 ans après aborde les métallurgies du fer, du cuivre, de l’étain, du plomb et des métaux précieux, productrices d’une grande variété d’objets nécessaires à la vie urbaine à la fi n du Moyen Âge. La nature, le volume et l’éventuelle standardisation des productions pourront être étudiés, de même que les besoins de la ville, les pratiques et les techniques des artisans, leurs savoirs et leurs savoir-faire. Les relations entre les métiers et entre les artisans eux-mêmes pourront être examinées, comme les liens de dépendances, la pluriactivité, les réseaux de sociabilités ou encore les relations de proximité dans l’espace urbain. L’identité et la règlementation de ces métiers, leur insertion dans la société urbaine, les rapports avec l’espace rural environnant et avec les autres villes pourront également être revisités. Ces journées auront un caractère interdisciplinaire, favorisant le dialogue entre les historiens et archéologues et l’archéométrie, sans exclure les approches anthropologiques de l’apprentissage et des savoir-faire.
Abstract
The symposium Craftsmen and Metalworking in Medieval Cities: 35 Years Later addresses the metallurgies of iron, copper, tin, lead and precious metals, which produced a wide variety of objects necessary for urban life at the end of the Middle Ages. The nature, volume and possible standardization of production may be studied, as well as the needs of the city, the practices and techniques of craftsmen, their knowledge and know-how. The relationships between the crafts and between the craftsmen themselves might be examined, including dependency links, pluriactivity, networks of sociability or local relationships in urban areas. The identity and regulation of these crafts, their integration into urban society, their relationship with the surrounding rural areas and with other cities may also be revisited. The symposium will be interdisciplinary in nature, promoting dialogue between historians, archaeologists and archaeometry, without excluding anthropological approaches to learning and knowledge.
Propositions de communications – Abstracts submission
Les propositions de communications, rédigées en français ou en anglais, avec titre, affiliation et coordonnées de l’auteur devront être adressées par courriel à lisesaussus@gmail.com, sous la forme d’un texte de 2 500 signes maximum, espaces compris, au format Word. Les propositions seront soumises au comité scientifique.
Date limite pour la réception des propositions : 15 mars 2019.
Abstracts can be written in either French or English, with the title and the contact details of the main author. They should be sent by email as a Word document and with 2,500 characters maximum, including spaces, to lisesaussus@gmail.com. These abstracts will be submitted to the scientific committee. Deadline for proposal submission : 15 march 2019.
Comité scientifique – Scientific Committee
Mathieu ARNOUX, Université Paris Diderot, EHESS
Marie-Christine BAILLY-MAÎTRE, CNRS, LA3M
Philippe BERNARDI, Lamop, Université Paris 1
Marc BOONE, Universiteit Gent
Caroline BOURLET, IRHT
Ricardo CÓRDOBA DE LA LLAVE, Universidad de Córdoba
Matthew DAVIES, Birkbeck, University of London
Philippe DILLMANN, CNRS, IRAMAT et NIMBE
Maxime L’HÉRITIER, Université Paris 8
Catherine VERNA, Université Paris 8
Comité d’organisation – Organising Committee
Lise SAUSSUS, Nicolas THOMAS, Danielle ARRIBET-DEROIN, Marc BOMPAIRE
- LabEx HaStec. 2. Lamop UMR 8589 CNRS – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne. 3. Inrap. 4. EPHE, Saprat.
Argumentaire
À la fin du Moyen Âge, les métaux sont omniprésents dans les villes. Le fer et le plomb ouvrés se rencontrent partout, notamment dans le domaine de la construction. Les alliages à base de cuivre ou d’étain sont déclinés sous de multiples formes, du plus petit ornement de ceinture aux imposants canons, cloches ou statues, en passant par la cuisine et la table. Les métaux précieux font l’objet d’un commerce de luxe. Le secteur de la métallurgie alimente un marché varié, protéiforme, composé autant de biens réalisés sur commande que de produits consommés en masse.
Les hommes qui fabriquent et vendent ces produits répondent à la forte demande des populations et des institutions, par exemple pour des équipements collectifs. Ils se regroupent dans des métiers aux identités et règlementations variées. Ils produisent dans des ateliers sédentaires ou itinérants, notamment à l’occasion de chantiers, pour la clientèle urbaine ou pour des marchés plus larges, la campagne environnante ou encore, à plus longue distance, d’autres villes. Ces métallurgies urbaines de mise en forme, de transformation, d’échanges de demi-produits, voire de service, ne sont pas sans lien avec les métallurgies extractives et transformatrices du minerai du monde rural. Néanmoins, et c’est probablement ce qui fait l’une des particularités du secteur, parce que les métaux se recyclent aisément, la ville devient, en un sens, une mine polymétallique exploitée par des filières de récupération des vieux métaux.
Cette apparente diversité ne doit pas masquer ce que ces artisans ont en commun : des ressources de même nature (minerais, demi-produits, combustibles), des outils partiellement partagés malgré leurs spécificités (creusets, moules, marteaux, enclumes, moulins industriels), des gestes et des chaînes opératoires pour partie similaires, des savoirs et des compétences sur les matériaux et leur transformation.
En mars 1984, une table ronde intitulée La métallurgie urbaine dans la France médiévale était organisée sous la direction de Paul Benoit et de Denis Cailleaux. Elle réunissait douze historiens présentant des études sur Paris et d’autres villes du royaume de France, de Lombardie, de la Flandre, du Brabant et de la vallée mosane. Les conclusions ouvraient des pistes qui ont été suivies par une génération de chercheurs, souvent dans la lignée des travaux de Paul Benoit. Trente-cinq ans après, les journées prévues en 2019 permettront de dresser un nouvel état des lieux, alors que cette thématique, depuis lors, n’a pas été abordée collectivement. Les organisateurs dédieront ces journées à Paul Benoit.
Les organisateurs invitent les chercheurs à réfléchir sur la notion de métallurgie urbaine et sur ses acteurs, quelle que soit leur spécialité : fèvres, maréchaux, serruriers, armuriers, horlogers, chaudronniers, fondeurs, canonniers, plombiers, potiers d’étain, orfèvres, monnayeurs ou encore marchands faisant commerce de demi-produits ou de produits finis en métal… Les communications aborderont le travail du métal et les artisans sous différents éclairages, depuis l’étude socioéconomique d’un métier jusqu’aux aspects plus techniques de la production. On pourra par exemple apprécier l’importance démographique des travailleurs, évaluer leur niveau de fortune, retracer leurs parcours individuels, identifier le rôle des métiers ou de leurs membres dans la vie urbaine, par exemple dans les institutions politiques.
Il s’agira également de reconstituer l’environnement topographique des ateliers et d’éclairer l’organisation du travail, les techniques, l’outillage, et donc aussi les capitaux nécessaires à une installation, l’importance quantitative des productions et l’adaptation à une demande croissante et variée. Le travail du métal nécessite des savoirs et des savoir-faire dont il convient de saisir la nature, l’apprentissage et les modes de transmission. La réalité du travail pourra également être confrontée aux textes normatifs tandis que l’on s’interrogera également sur la nature des productions au regard des dénominations des métiers, sur les enjeux de ces dénominations et sur ce qu’elles disent des catégories médiévales des métiers du métal.
Ces journées s’attacheront à mettre en évidence d’éventuelles spécialisations, des relations de dépendance dans une même chaîne de production ou par exemple entre fabricants et détenteurs de capitaux, mais aussi des liens avec d’autres secteurs : le bâtiment consommateur de pièces de renforts ou de serrurerie, la brasserie, la teinturerie ou les étuves utilisatrices de cuves en
métal. Les identités des métiers seront également sondées, de même que les relations entre les métiers du métal, par exemple au travers de l’étude des liens commerciaux ou matrimoniaux, des relations de confiance ou de redevabilité, ainsi que de la structure de ces réseaux de sociabilité. Enfin, affirmer la spécificité d’une métallurgie urbaine pose la question de l’attractivité de la ville, par exemple au moyen de l’étude des migrations d’artisans, et conduit à s’interroger sur les rapports entre villes et campagnes (dispersion, concentration et délocalisation des activités, notamment l’approvisionnement en matières premières et la redistribution des produits finis) et les lieux des changements techniques.
En 1984, les organisateurs de la table ronde regrettaient la discrétion de l’archéologie et en appelaient à l’intégration de données issues des archives du sol, particulièrement efficaces lorsqu’il s’agit d’ouvrir les portes d’une unité de production ou de restituer des techniques. Trente-cinq ans après, les organisateurs souhaitent renouveler cet appel et rendre interdisciplinaires les échanges de ces prochaines journées, de sorte que soient articulées les données des sources écrites, archéologiques, iconographiques ou encore littéraires et que convergent les réflexions des spécialistes des métiers, du travail, des techniques et des villes, sans exclure les approches sociologiques et anthropologiques de l’apprentissage et des savoir-faire.
Le colloque donnera lieu à une publication des communications.
Argument
Metals are omnipresent in late medieval cities. Wrought iron and lead are found everywhere, in the field of construction for instance. Copper or tin-based alloys come in many forms, from the smallest belt ornament to imposing cannons, bells or statues, throughout the kitchen, and on the table. Precious metals are traded as luxury goods. The metal-working sector supplies a varied and multifaceted market, consisting of both custom-made and mass-produced goods.
The men who made and sold these products were responding to the strong demands of populations and institutions, for example for communal equipment. Artisans were grouped in guilds with various identities and regulations. They produced in sedentary or itinerant workshops, on building sites for instance, for urban customers, large markets, the surrounding countryside, as well as, at a further remove, other cities. These urban metal working structures for shaping, processing, and exchanging semi-fi nished products or even for services are not unrelated to the mining and processing of metal ores in rural areas. However, since metals are easily recycled, the city becomes, in a sense, a polymetallic mine exploited by old metal recovery channels — this is probably one of the distinctive characteristics of the sector.
Despite their apparent and real diversity, these craftsmen often had much in common: similar raw materials (ores, semi-fi nished products, fuels), overlapping sets of tools (crucibles, moulds, hammers, anvils, water mills), technical actions and chaînes opératoires, and both a knowledge of their materials and the skills necessary for their transformation.
In March 1984, a roundtable discussion entitled Urban Metallurgy in Medieval France was organized under the direction of Paul Benoit and Denis Cailleaux. It brought together twelve historians presenting studies on Paris and other cities of the Kingdom of France, Lombardy, Flanders, Brabant and the Meuse Valley. Their conclusions opened up research avenues that were followed by a generation of researchers, often in line with the work of Paul Benoit. Thirty-five years later, the symposium planned for 2019 and dedicated to Paul Benoit will make it possible to draw up a new assessment of these themes which have not been addressed collectively since then.
The organizers invite researchers to refl ect on the concept of urban metallurgy and its actors, whatever their specialty : blacksmiths, farriers, locksmiths, gunsmiths and gun founders, watchmakers, coppersmiths, plumbers, tin potters, goldsmiths, coiners, or merchants trading semifinished or fi nished products in metal. Papers can address different aspects of metalworking and craftsmen from the socio-economic study of a craft to the more technical aspects of production. For example, the demographic importance of the craftsmen, their level of wealth, and their individual career paths can be accessed, as can the role of the guilds or their members in urban life, for example in political institutions.
It will also be an opportunity to discuss the topographic environment of the workshops, the organization of the work, the techniques, the tools, the capital necessary for an installation, the quantitative importance of the productions, and the adaptation to a growing and varied demand. Metalworking requires various knowledge and know-how. Its nature, learning, and modes of transmission must be grasped. The reality of working metal may also be studied with the normative texts as well as by addressing the nature of production in relation to the designations of crafts, on the nature of these designations, and on what they say about the medieval categorisation of metal crafts.
The symposium will also endeavor to highlight any evidence of specialization, dependency relationships in the same production chain, for example, between manufacturers and holders of capital, or metalworkers’ possible links to other sectors such as supplying reinforcing elements or locks to the building trades, vats to brewers, dyers, or ovens that used metal tanks. The identities of the crafts and the relationships between the metal craftsmen will also be surveyed to identify commercial or matrimonial links, relationships of trust or accountability, and the structure of these social networks. By characterizing the specifi c nature of an urban metallurgy, the question of the attractiveness of the city can be raised and possibly refl ected in an analysis of the migration of craftsmen. Finally, there are the questions about the relationship between cities and countryside (dispersion, concentration and relocation of activities, the supply of raw materials, and the distribution of fi nished products), and the loci of technical innovation.
In 1984, the organizers of the roundtable regretted the absence of archeology evidence and called for the integration of such data to broaden the understanding of production processes and techniques. Thirty-fi ve years later, the organizers of the symposium wish to renew this call to make our exchanges truly interdisciplinary by integrating data from written, archeological, iconographic, and literary sources with the refl ections of the specialists on guilds, work, techniques, and cities while assuring we do not exclude either sociological and anthropological approaches to the understanding of apprenticeships and know-how.
Proceedings will be published after the symposium.