Aedificare 2023-1, no 14

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Ædificare est une revue semestrielle, internationale, multilingue et pluridisciplinaire couvrant le champ historique de la construction, toutes périodes et aires géographiques confondues. La revue dispose d’un Comité scientifique et d’un Comité de lecture internationaux. Tous les articles font l’objet d’une évaluation par les pairs en double aveugle. Elle paraît en publication papier et numérique aux éditions Classiques Garnier.

Sommaire

João Mascarenhas-Mateus – Editorial. Revisitando o trabalho de Christopher Alexander: a atemporalidade da arte de bem construir / Editorial. Revisiting Christopher Alexander’s work : the timeless art of building

L’œuvre de Christopher Alexander (1936-2022) est examinée sous l’angle de sa pertinence pour l’histoire de la construction. On propose d’intégrer les patrons intemporels de l’art de bien bâtir définis par Alexander dans la recherche sur l’histoire des cultures de construction. Ces patrons de projet et de pratique peuvent être analysés en détail pour une culture constructive spécifique d’un lieu et d’une période historique, et servir également de références de base pour sa caractérisation.

DOSSIER
LES COUVERTURES ET LEUR MATÉRIAU DE L’ANTIQUITÉ À L’ÉPOQUE CONTEMPORAINE
Thème coordonné par Mathilde Carrive et Louis Vandenabeele

Mathile Carrive, Louis Vandenabeele et Sarah Vyverman – Introduction / Introduction

Des Pays-Bas à l’Italie, de l’Antiquité à nos jours, ce numéro explore l’histoire des matériaux de couverture, liée aux ressources disponibles, aux contraintes climatiques et aux tendances constructives et architecturales. Il met en lumière l’importance de la « cinquième façade » dans l’histoire de l’architecture, de la construction, du travail, du commerce et du paysage. Il souligne le rôle de la maintenance, du remploi et de l’innovation, offrant une vision moins figée du patrimoine bâti.

Jean-François Nauleau – De la tegula à la tuile mécanique, une histoire de la tuile dans le quart nord-ouest du territoire français / From tegula to mechanical tile, a history of roof tiles in north-west France

Depuis la tegula romaine jusqu’à la tuile mécanique du XIXe siècle, en passant par les variantes creuse et plate médiévales, la tuile est présente dans l’ouest du territoire français depuis deux millénaires. L’objectif de ce travail est de comprendre les forces et contraintes contribuant à imposer ou non la tuile sur les toits et à lui donner sa forme. Elle est en effet un objet technique et culturel témoignant fidèlement de chacune des sociétés qui l’ont fait naître puis évoluer.

Clothilde Azzi et Marie-Claire Brelle – Toitures de terre, de bois et de roseau. Apport d’un projet expérimental à l’étude des couvertures antiques (Maison du Marduel de Randa Ardesca, Ardèche) / Mud, wood and reed roofs. The contribution of an experimental project to the study of ancient roofing (Maison du Marduel de Randa Ardesca, Ardèche, France)

La construction en matériaux périssables a longtemps suscité peu d’intérêt chez les spécialistes de l’Antiquité. Ajouté à cela le caractère souvent très ténu des restes archéologiques, on comprend pourquoi notre connaissance des toitures antiques en terre et en matières végétales est encore limitée. Pourtant, pour sortir de l’impasse, des stratégies de recherche différentes sont possibles, en croisant des analyses archéologiques, textuelles, ethnographiques et expérimentales.

Cécile Sabathier – Teules, teulas, teuladas. La chaîne opératoire des matériaux de couverture sur les chantiers de travaux publics à Albi et Rodez aux xive et xve siècles / Teules, teulas, teuladas. The operational chain of roofing materials on public works sites in Albi and Rodez in the 14th and 15th centuries

Cet article propose d’examiner la chaîne opératoire des tuiles employées dans le cadre des travaux publics d’Albi et de Rodez aux XIVe et XVe siècles. À partir de la lecture des comptes et des délibérations consulaires, il s’agit d’identifier les acteurs et les lieux concernés par leurs productions et leurs mises en œuvre. À travers l’analyse d’un matériau en particulier, cette contribution entend interroger, plus largement, les dynamiques de la ville en chantiers.

Nicolas Moucheront – Cuivre et plomb en couverture au Palais des doges vers 1600. L’innovation technique en question / Metal roofs of the Doge’s Palace in Venice. New questions for a technological innovation process

Les couvertures du Palais des doges réalisées en plomb au milieu du XIVe siècle sont refaites en cuivre après les incendies de 1574 et 1577. Le Sénat choisit en 1605 de revenir au plomb en raison de problèmes d’étanchéité. Cette décision coûteuse est mise en œuvre en 1611 et 1612, dans le cadre d’un grand chantier de restauration du Palais des doges. L’article analyse les deux techniques de couvertures et les implications symboliques et économiques de la conversion du cuivre en plomb.

Paulo Charruadas, Michel de Waha, Philippe Sosnowska – Les couvertures de toiture dans les Pays-Bas méridionaux. Les enseignements du Manuscrit de Nicolas de Brouchoven (1683-1714) / Roof coverings in the Southern Netherlands. The Lessons from the writings (1683–1714) of Nicolas de Brouchoven

Le manuscrit de Nicolas de Brouchoven nous livre un témoignage éclairé sur les pratiques constructives et le secteur de la construction dans les Pays-Bas méridionaux au tournant du XVIIIe siècle. L’auteur y aborde les matériaux, leurs mises en œuvre, leurs coûts, leurs provenances, leurs transports. Il évoque aussi les acteurs du monde du bâtiment à cette époque. C’est au travers des matériaux de couverture que cette contribution vise ainsi à dévoiler toute la richesse du document.

Ersilia Fiore – (S)coprire Pompei. Dispositivi e innovazioni per la conservazione della città archeologica nel XIX secolo / (Dis)covering Pompeii. Roofing in the archaeological location in the 19th century

La protection des ruines archéologiques à Pompéi est un extraordinaire laboratoire d’expérimentation. Depuis les premières fouilles, la ville a vu l’utilisation de différents types de toiture créés pour protéger les matériaux anciens. Ces éléments se sont progressivement intensifiés grâce au travail de Michele Ruggiero, directeur des fouilles depuis 1875. L’architecte, très entreprenant dans la conservation du site, a introduit l’utilisation de matériaux modernes modifiant l’apparence de Pompéi.

Ronald Stenvert – Les couvertures de toiture aux Pays-Bas de 1800 à 1990 / Roof coverings in the Netherlands 1800–1990

Les toits raides en tuiles définissent l’architecture néerlandaise. Avec l’arrivée du zinc comme matériau de couverture, les toits devinrent plus plats. Puis le bitume d’asphalte a permis la construction de toits plats. Les tuiles mécaniques ou en ciment et les tôles ondulées en métal ou Eternit autorisèrent une grande variété de formes. Après la guerre, ces matériaux connurent des innovations. Le zinc-titane ou le plastique renforcèrent et remplacèrent le bitume et les tuiles en béton.

COMPTES RENDUS
Robert Louis Stevenson, Journal de la construction d’un phare (Catherine Isaac)
João Mascarenhas-Mateus (ed.), Changing Cultures – European Perspectives on the History of Portland Cement and Reinforced Concrete, 19th and 20th Centuries (Michel Moussard)