Appel à communications : Les planches de l’Encyclopédie en lumière.
Les planches de l’Encyclopédie en lumière. Mises en perspective et recherches sur le Recueil de planches (1762-1772)
27-29 mai 2021
Depuis plusieurs décennies et l’impulsion donnée par les travaux de référence de Jacques Proust, de John Lough, de Richard N. Schwab puis de Frank A. Kafker, les études sur l’Encyclopédie, ou Dictionnaire raisonné des sciences, des arts et des métiers (1751-1772) de Diderot et D’Alembert se sont multipliées. De nombreux colloques, ouvrages et articles, dont ceux publiés depuis 1986 dans la revue Recherches sur Diderot et sur l’Encyclopédie, en témoignent. L’accès facilité à l’ouvrage grâce à l’apparition d’éditions numériques (celle conçue par la société Redon, commercialement distribuée depuis 2000, puis celle d’ARTFL, librement accessible sur le web) ont également contribué à cette dynamique. La mise en ligne en 2017 d’une première édition critique numérique de l’œuvre (l’ENCCRE) constitue une nouvelle étape de l’intérêt porté par les historiens de toutes disciplines à ce monument incontournable du siècle des Lumières. Malgré les études fondatrices déjà citées, les contributions primordiales de Madeleine Pinault-Sørensen ainsi que de nombreux autres travaux dédiés aux 11 volumes de planches de l’Encyclopédie, ces derniers restent pourtant nettement moins connus et étudiés que les 17 volumes de discours (1751-1765) qui les précèdent et y renvoient, comme si les illustrations et leurs relations avec le texte, pourtant considérées comme l’une des plus importantes innovations de l’Encyclopédie, avaient finalement suscité moins d’intérêt que les articles eux-mêmes. Aujourd’hui, l’ENCCRE ––grâce à sa numérisation de grande qualité des pages gravées et à ses fonctionnalités de mise en regard directe de l’illustration et de l’explication qui lui correspond –– permet de redécouvrir d’un œil neuf ce trésor iconographique et offre des ressources renouvelées pour l’explorer. Plus généralement, les nouvelles technologies incitent à imaginer des moyens spécifiques pour analyser ces illustrations, les explications qui les accompagnent, leurs liens réciproques ainsi que leurs relations avec les volumes de discours. Dès lors, la tenue d’un colloque international permettant de dresser un point d’étape sur les recherches spécifiquement dédiées aux planches de l’Encyclopédie paraît indispensable. Nous lançons dans cette perspective un appel à communications pour le colloque “Les Planches de l’Encyclopédie en lumière” qui se tiendra sur trois jours à Sorbonne Université du 27 au 29 mai 2021 et dans le cadre duquel la réflexion commune s’organisera autour de quatre axes principaux (ci-après, nous parlerons du Recueil pour désigner les 11 volumes du Recueil de planches sur les sciences et les arts, et de «série» pour désigner chacun des chapitres thématiques qui le constituent, comme l’Anatomie, le Bouchonnier ou la Draperie) ; les questions qui précisent chacun des axes ne sont pas limitatives:
- La manufacture des planches gravées et des séries du Recueil, c’est-à-dire l’ensemble des questions relatives aux modalités de leur fabrication intellectuelle et à l’histoire de leur réalisation éditoriale : quelles en sont les sources ? comment ont-elles été utilisées (ajouts, modifications, agence-ment) ? des dessins préparatoires ont-ils été conservés ? dans quelle mesure ces éléments nous éclairent-ils sur le contenu des planches et les intentions de leur(s) auteur(s)? Par ailleurs, quels sont les éléments qui permettent de reconstituer et, éventuellement, de dater les étapes de la confection d’une série?
- Les contributeurs des planches, autrement dit les dessinateurs et les graveurs de l’Encyclopédie: qui sont-ils ? quelle place leur travail pour l’Encyclopédie tient-il dans leur carrière ? quel(s) rôle(s)ont-ils joué dans l’Encyclopédie? quelle est leur contribution (attributions explicites et hypothèses d’attribution) ? se distinguent-ils les uns les autres selon des critères techniques et/ou stylistiques?
- Les explications des planches, c’est-à-dire l’ensemble des questions touchant les «Explications» qui forment la première partie de chaque série du Recueil avant les planches gravées correspondantes. Ce sujet essentiel peut être abordé sous plusieurs angles : rédacteurs (que sait-on des auteurs dont les explications portent la signature explicite? jusqu’à quel point peut-on leur attribuer les nombreuses planches non signées de l’ouvrage? sont-ils aussi contributeurs pour des articles relatifs aux mêmes sujets ?) éditeur (question du rôle de Diderot, non seulement en tant qu’auteur d’explications, mais aussi en tant qu’éditeur de l’ensemble du Recueil – organisation des séries, rédaction des pièces liminaires présentant les volumes, etc. – à la fin de l’état détaillé du tome II (1763), il indique avoir «revu toutes [les explications] des arts & métiers sur le manuscrit & sur les planches») ; -relations avec les planches gravées (différents types de liens entre explication et illustrations selon les séries ? références croisées supplémentaires aux articles – avec effets de redoublement, correction ou remplacement ?) Se pose aussi la question plus générale de la relation entre texte et image telle que l’Encyclopédie l’instaure et, parfois, la thématise.Il est aussi possible d’étudier dans cette perspective les relations entre articles et planches dans un domaine donné: concordance ou non entre les articles et les figures qu’ils commentent? remplacement éventuel des planches sur lesquelles les articles ont été rédigés et pour quelles raisons? Des questions qui renvoient également à la problématique de la manufacture d’une série (axe n°1), associée ou non à la rédaction des articles.
- La place des planches de l’Encyclopédie dans l’histoire de l’illustration au XVIIIe siècle : peut-on situer la part de tradition et la part d’innovation du Recueil par rapport aux standards du temps, en fonction du poids, de la place et des fonctions des illustrations dans l’ouvrage ? en fonction du lien que les planches entretiennent à l’intérieur de l’ouvrage avec leurs explications et les articles qui y sont associés? Dans quelle mesure l’ouvrage peut-il être considéré comme un corpus illustré ? Plus généralement, dans quelle mesure le Recueil s’inscrit-il dans l’histoire de la circulation du savoir au XVIIIe siècle ?
Les communications proposées devront nécessairement s’inscrire dans un ou plusieurs des axes d’étude précédents. Elles pourront consister en une étude de cas ou traiter une question plus générale. Elles sont à envoyer jusqu’au 30 septembre 2020 à l’adresse : enccre@gmail.com. Elles comporteront un titre et un résumé d’une quinzaine de lignes, complétés par quelques renseignements généraux : ancrage institutionnel, principaux sujets de recherche, liste de publications en lien avec les thématiques du colloque et/ou le XVIIIe siècle français. Les langues de communication du colloque sont le français et l’anglais.
Comité d’organisation :
- Alexandre Guilbaud, Sorbonne Université
- Alain Cernuschi, Université de Lausanne,
- Malou Haine, Université Libre de Bruxelles
- Christine Le Sueur, Université Claude Bernard Lyon 1
- Alain Sandrier, Université de Caen Normandie
Comité scientifique
- Alain Cernuschi, Université de Lausanne (responsable du suivi)
- Malou Haine, Université Libre de Bruxelles (responsable du suivi)
- Emmanuel Boussuge, chercheur associé au CELLF (CNRS, Sorbonne Université)
- Thierry Depaulis, chercheur indépendant
- Alexandre Guilbaud, Sorbonne Université
- Charles Kostelnick, Iowa State University
- Marie Leca-Tsiomis, Université Paris-Ouest Nanterre
- Susan H. Libby, Rollins College
- François Pépin, professeur agrégé au Lycée Louis le Grand
- Stéphane Schmitt, CNRS, Archives Henri-Poincaré
- Yann Sordet, Bibliothèque Mazarine
- Pierre Wachenheim, Université de Lorraine
Appel à communication en anglais : http://enccre.academie-sciences.fr/presse/Conference_the_Plates_of_the_Encyclopedie.pdf