Figures d’ingénieurs et mobilités en Europe, XVe-XVIIIe siècles
Figures d’ingénieurs et mobilités en Europe, XVe-XVIIIe siècles
Journée d’études en l’honneur d’Hélène Vérin. 3 décembre 2016, Centre Alexandre Koyré, salle de séminaire, 5e étage.
Comité d’organisation : Stéphane Blond, Liliane Hilaire-Pérez et Michèle Virol
Le motif de cette journée d’étude est de rendre hommage à Hélène Vérin, dont les travaux en histoire des techniques et tout particulièrement sur les ingénieurs, ont joué un rôle majeur dans la compréhension de l’intelligence technique à l’époque moderne, loin de la figure du génie d’exception. Le but est de présenter des nouvelles recherches qui approfondissent cette thématique.
Si l’histoire des sciences, des savoirs techniques et des instruments de travail utilisés par les architectes et les ingénieurs a fait l’objet de nombreuses études au cours des deux dernières décennies, les parcours de ces hommes de terrain restent largement méconnus. Ce constat est d’autant plus vrai lorsqu’il s’agit de comparer les itinéraires s’inscrivant dans des institutions ou dans des États différents. Au service des pouvoirs des princes, des villes, des autorités religieuses, ils ont progressivement obtenu du XVe au XVIIIe siècle une reconnaissance personnelle puis collective par corps spécialisés (armée, ponts et chaussées, cartographie, mines etc.), évolution aujourd’hui bien connue, mais pour chaque ingénieur l’inscription dans un modèle dominant de clientélisme, de validation des compétences, de rétribution des travaux, de mise en scène de ses savoirs est à mettre en évidence. Faire connaître et reconnaître ses savoirs et savoir-faire pour obtenir une commande, la réalisation d’un projet, la direction d’un chantier, emprunte différentes voies pendant ces quatre siècles.
En dehors de rares études prosopographiques ou de portraits consacrés à des figures charismatiques de techniciens, les ingénieurs qui sont à l’œuvre au quotidien demeurent des hommes de l’ombre. Différents pans de leur histoire restent à écrire : leurs origines sociales et géographiques, le processus de recommandation, les formes d’apprentissage, l’entrée dans la carrière, l’avancement, les mutations ou encore les chantiers qu’ils dirigent.
Ces carrières sont indissociables de mobilités, constitutives de l’identité des ingénieurs, qu’il s’agisse des pérégrinations justifiées par les demandes princières et les recherches de patronage, de la construction d’un habitus professionnel du voyage, d’entreprises éditoriales ou encore de transferts de modèles éducatifs. Si le cas italien a fait l’objet d’études renouvelées, bien d’autres circuits sont aussi analysés actuellement, par exemple dans les territoires sous domination espagnole, en Méditerranée, dans le Saint-Empire, dans l’Empire ottoman, en Russie ou encore, entre l’Angleterre et le continent. Enfin, la reconnaissance de la figure de l’ingénieur repose aussi sur des interactions avec d’autres praticiens, ce qui suppose pour les historiens, d’examiner les lieux de savoir tels que les chantiers, les mines, les arsenaux, les jardins princiers comme des trading zones.
En lien avec la nouvelle question d’Histoire moderne des concours externes du CAPES et de l’Agrégation (Sciences, techniques, pouvoirs et sociétés du XVe siècle au XVIIIe siècle (période de la Révolution française exclue) en Angleterre, France, Pays-Bas/Provinces Unies et péninsule italienne), cette journée d’études propose d’examiner des itinéraires d’ingénieurs, à travers les situations nationales, les conditions du métier, les formations, la mise en œuvre des savoirs.
Programme
9h30
Pascal BRIOIS, Université de Tours, Centre d’études supérieures de la Renaissance
Introduction de la journée
SESSION 1
Présidente de séance : Liliane HILAIRE-PÉREZ, Université Paris Diderot, EHESS
9h45
Chandra MURKERJ, University of California, San Diego, Department of Communication
Mobility and Ties to Place of the Engineers who built the Canal du Midi.
10h30
Brice COSSART, European University Institute
Un nouveau paradigme de l’apprentissage technique à la Renaissance ? Les écoles d’artilleurs de Philippe II d’Espagne.
11h00
Discussions et pause
SESSION 2
Présidente de séance : Michèle VIROL, Normandie Univ, UNIROUEN, GRHis
11h30
Philippe BRAGAR, Université catholique de Louvain, IRHiS
Ingénieurs des fortifications au service d’Espagne aux XVIe-XVIIe siècles : Pays-Bas et Franche-Comté, entre plusieurs mondes.
12h00
Frédéric MÉTI, Université de Bourgogne, ESPE, IREM
Jean Érrard, ingénieur mathématicien.
12h30
Discussions et déjeuner
SESSION 3
Présidente de séance : Irina GOUZÉVITCH, CNRS, Centre Maurice Halbwachs
14h00
Stéphane BLOND, Université d’Évry-Val d’Essonne, IDHE.S Évry
Former les ingénieurs du territoire : le règlement de l’École des Ponts et Chaussées (1775).
14h30
Alexandre TESSIER, Université d’Évry-Val d’Essonne, IDHE.S Évry
Un royaume de routes et de postes : le rôle du cartographe Adam Friedrich Zürner (1679-1742) dans l’affirmation d’une monarchie saxo-polonaise.
15h00
Isabelle LABOULAIS, Université de Strasbourg, ARCHE
La formation du coup d’oeil des ingénieurs des Mines (1740-1830).
15h30
Discussions et pause
SESSION 4
Présidente de séance : Marie THÉBAUD-SORGER, CNRS, Centre Alexandre Koyré
16h00
Valérie NÈGRE, École nationale supérieure d’architecture de Paris, AUSser 3329
Artisans, ingénieurs : une culture partagée ? Le cas du bâtiment au XVIIIe siècle
16h30
David PLOUVIEZ, Université de Nantes, CRHIA
Un ingénieur de la Marine à l’école des constructeurs du « commerce » : Chevillard le Cadet à Saint-Malo pendant la guerre d’indépendance américaine.
17h00
Discussions et conclusions
Télécharger le programme