Journée d'étude doctorale histoire de l'architecture

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Appel à Communication

Journée d’étude doctorale histoire de l’architecture
Paris, INHA, 12 juin 2017

« Architecture et technique »

Les matériaux et les techniques de fabrication des bâtiments intéressent les historiens de l’art et de l’architecture depuis les commencements de leur discipline. Sans parler des précurseurs comme Pierre Patte ou Jean Rondelet, pour le XIXe siècle, il suffit de citer les études bien connues de Gottfried Semper, Eugène Viollet-le-Duc ou Auguste Choisy et pour le siècle suivant, celles de Siegfried Giedion, Peter Colins ou Reyner Banham. Depuis ces premiers travaux, qui ont eux-mêmes fait l’objet d’études historiques, deux mouvements se sont produits.
Dans les années 1980 d’abord, des recherches conduites par des historiens de l’architecture, mais aussi par des historiens des techniques et des praticiens se sont multipliées (Voir par exemple les travaux de Jean-Pierre Adam, Jean-Marie Pérouse de Montclos, Antoine Picon, Jean-Pierre Epron, Jacques Guillerme et André Guillerme pour la France, mais aussi ceux d’Edoardo Benvenuto, Jacques Heymann, Robert, Middleton, David Billington, John Fitchen, Kenneth Frampton, Tom Peters ou Joseph Rykwert pour l’étranger). On doit en particulier aux praticiens (architectes, ingénieurs, restaurateurs) l’émergence d’un champ spécifique connu sous le nom d’« histoire de la construction » (Construction history) [ Porté par trois associations la Construction History Society (1985), et la Sociedad Española de Historia de la Construcción (1997), l’Associazione Benvenuto (1998).]

. Le deuxième mouvement se situe dans les années 2000. L’histoire de la construction connaît alors une très forte expansion identitaire en Europe et en Amérique. Les associations et les colloques nationaux et internationaux se multiplient [Les colloques sont trop nombreux pour être cités. Voir les actes des International Congress on Construction History (Madrid 2003, Cambridge 2006, Cottbus 2009, Paris 2012, Chicago 2015).]. Parallèlement, les matériaux et les techniques de fabrication du bâti font l’objet d’une attention croissante des historiens de l’art et de l’architecture, comme des archéologues.

D’ailleurs, ces mouvements ne sont pas spécifiques à l’architecture. Depuis les années 1970, un intérêt croissant pour « l’histoire des choses » et la « culture matérielle » se manifeste dans diverses branches du savoir des sciences humaines et sociales. De même que les historiens des sciences s’attachent à décrire la « science en train de se faire », de même les spécialistes de l’art et de l’architecture prêtent une attention croissante à la matérialité des pratiques (Joël Sakarovitch, Jean-Marie Guillouët, Alexandre Cojannot). L’histoire de la construction, quant à elle, est aujourd’hui plus attentive aux hommes et aux usages (Dominique Barjot, Philippe Bernardi).

Désormais plusieurs orientations communes à différentes disciplines (histoire de l’art et de l’architecture, histoire des techniques, histoire de l’économie, histoire du droit, archéologie, anthropologie historique, etc.) se dessinent. Parmi celles-ci citons :

L’étude des processus de conception et de fabrication. L’approche ouvre par exemple à des thèmes tels que les lieux de production fixes ou itinérants (chantiers) ou aux rapports entre les concepteurs connus ou moins connus (architectes, ingénieurs) et les différents acteurs du bâtiment (des entrepreneurs aux manœuvres en passant par tous les participants du chantier). Comment les pratiques suscitent des conceptualisations et comment les combinaisons des savoirs pratiques et des intuitions scientifiques facilitent l’invention ? Quel rôle jouent le dessin et les maquettes, les savoirs artisanaux, les contrats ?
Les matériaux de l’architecture. Aux thèmes classiques traitant de la chaîne de production (approvisionnement, coût, marché, mise en œuvre) et des rapports entre forme et matière, s’ajoutent les  approches plus récentes qui prêtent attention à la « réception » de la matière. Comment les praticiens perçoivent les matériaux, comment les commanditaires, les institutions et plus largement le public les apprécient-ils ? Les matières premières (sable, terre), tout autant que les mélanges (plâtre, chaux, mortier, béton) ou les produits manufacturés (verre, plastique), participent de ce regard anthropologique.
La vie des édifices. On a longtemps fait l’histoire des bâtiments en se focalisant sur la genèse de leur conception et sur leur forme. L’histoire des édifices après leur livraison (évolution, transformation, réhabilitation, entretien, etc.) permet d’ouvrir l’histoire de l’architecture aux usagers (locataires, propriétaires). Si l’on parle de protection des œuvres architecturales, il convient de s’interroger aussi sur les conflits nés postérieurement au chantier dans le cadre de la responsabilité des maîtres d’œuvre, mais également sur ceux courant entre voisins par le jeu des servitudes entre parcelles contigües.
Les transferts techniques. De tout temps, la circulation des objets, des savoirs et des représentations techniques dans le monde, par le biais des médias, par la mobilité professionnelle des individus et des peuples, par l’action des institutions politiques, par les procédés de duplication (la préfabrication) inscrit les « industries de l’architecture » [Katie Lloyd Thomas, Tilo Amhoff and Nick Beech (ed.), Industries of Architecture, London & New York, Routledge, 2016.] dans un bouillonnement culturel favorable aux innovations technologiques qui permettent de proposer des formes nouvelles et des projets neufs toujours plus audacieux et présentés comme mieux adaptés aux évolutions de la planète, si ce n’est du marché.

La journée ambitionne de réunir des travaux qui entrent dans ces orientations communes à plusieurs disciplines du moment qu’elles placent les techniques de l’architecture au cœur de leur approche. Les propositions pourront concerner toutes les périodes et toutes les zones géographiques. La journée est ouverte aux doctorants en histoire de l’architecture issus des universités ou des écoles d’architecture.

Les doctorants souhaitant présenter leurs travaux lors de cette journée peuvent envoyer une proposition de communication (environ 300 mots) accompagnée d’un court CV avant le 5 mai 2017 au plus tard, conjointement à :

– Valérie Nègre (École nationale supérieure d’architecture de Paris La Villette) valerie-negre@wanadoo.fr
– Robert Carvais (Centre de théorie et d’analyse du droit) rcarvais@noos.fr
– Anne-Marie Châtelet (École nationale supérieure d’architecture de Strasbourg) chatelet.schmid@wanadoo.fr
– Hélène Jannière (Université Rennes 2) helene.janniere@univ-rennes2.fr
– Jean-Baptiste Minnaert (Université Paris-Sorbonne) jean-baptiste.minnaert@paris-sorbonne.fr

Cette journée d’études est proposée dans le cadre du séminaire doctoral organisé par Anne-Marie Châtelet (Ecole nationale supérieure d’architecture de Strasbourg), Hélène Jannière (Université Rennes-2) et Jean-Baptiste Minnaert (Université Paris-Sorbonne) par Robert Carvais (Centre de théorie et d’analyse du droit) et Valérie Nègre (Ecole nationale supérieure d’architecture Paris La Villette)