L’industrialisation de la construction en Europe
Séminaire L’industrialisation de la construction en Europe (19e-20e s.)
Organisé par le CNAM, EMS D 7, Histoire des techniques
ED Abbé Grégoire, HT2S
André Guillerme
Ce séminaire de recherche historique, porte sur la construction neuve — bâtiment, logement, lotissement, travaux publics, génie militaire et civil, — et ses techniques depuis la fin du 18e siècle en Europe de l’Ouest.
Le regard des historiens de la construction, de l’architecture, du logement, du travail ou de l’industrie, fixé sur le douloureux décollage industriel de la construction lourde en Europe dans l’immédiate Après-guerre est focalisé sur la seule technologie du béton armé. La construction légère — bois, métal — est totalement négligée. Le bois, matériau largement oublié depuis les années 1960, est pourtant le premier porteur de l’industrialisation de la construction. D’abord pour les militaires, les sinistrés, les fortifications de campagne. Le premier Traité de l’art du baraquement d’Antoine Lomé (1804) jette fort à propos les bases de l’industrie du logement. La baraque est, dans la première moitié du 20e siècle, l’unité d’urbanisation de guerre et maison d’urgence de la reconstruction. Le bois est aussi, avec les métaux le matériau des nouvelles résidences secondaires de la villégiature. La construction métallique, berceau de l’industrie et structure de bureau d’étude, elle joue un rôle fondamental dans l’industrialisation à condition d’analyser tous les métaux — fonte, fer, acier, zinc, aluminium — qui innervent — tube, poteau, — ou enveloppent — paroi, couverture.
L’étude de la construction bois et métal — légère — en apposition à la construction béton armé — lourde — change le paradigme de l’industrialisation qui dès lors apparaît comme un processus industriel, au même titre que la mécanique ou la chimie.
Ce séminaire entre dans le cadre de l’enseignement de la chaire d’histoire des techniques au CNAM, du Laboratoire HT2S (ex CDHTE). Il associe Hélène Vacher, professeure à l’ENSA de Nancy et Kinda Fares, docteure architecte. Des chercheurs invités présenteront leurs travaux.
Déroulement : les mardis 28/10, 25/11, 16/12, 20/1, 10/2, 17/3, 8/4, 19/5 et 9/6, de 18h30 à 20h30
Lieu : CNAM, salles 21.2.44 (le 28 octobre) ; Salon d’Honneur (les 25 novembre et 16 décembre) ; 21.2.28 (20 janvier) ; 21.2.40 (10 février) ; salle des Conseils (17 mars, 9 avril et 19 mai) ; 21.1.20 (09 juin)
Introduction : L’industrialisation de la construction : débats entre Anciens et Modernes, entre architectes, ingénieurs, constructeurs, entre politiques et syndicats, travaux publics et bâtiment, génie civil et génie militaire. Construction, industrie, technique, technologie : définitions et références. Les lieux de mémoire : CSTB, LCPC, ITBTP, ESTP, IFA,
2. L’arsenal de la reconstruction (1942-1956) Concours techniques dans les capitales et matches technologiques en Afrique du Nord. Missions d’experts européens à l’étranger (USA et URSS) et rapports publics. Le MRU, le MTP français : nouveaux appareils d’Etat. Béton armé, bois, acier : quoi de neuf en Europe de l’Ouest ?
Invité : Bill Addis, «L’industrialisation du bâtiment en Grande Bretagne dans l’Après guerre»
3- Les matériaux aux états limites (1930-1948) Bétons et aciers : comparaison des matériaux France, Allemagne, Italie, Etats-Unis, Japon. BA 39 et BA 45, deux règlements qui font le décalage entre Travaux Publics et Bâtiments. Le mur de l’Atlantique : entreprises, main d’œuvre et apprentissage. La filière bois et ses industries en Europe entre 1940 et 1948. La politique baraquée étatsunienne.
4- La construction métallique (1919-1939) La résistance des matériaux : recherches et enseignements. Essor des bureaux d’études ; industrialisation des alliages. Un métier différend. La construction acier : ambassade technologique française. Les aciers spéciaux. Essor des non-ferreux dans le bâtiment collectif. Le déploiement du second œuvre comme processus d’industrialisation de la maison individuelle.
5- Les témoins de l’industrie de la construction (1915-1936) Les congés payés, une opportunité pour la maison de week-end : une industrie et une architecture du bois, de l’aluminium, légère. Entre chalet suisse et baraque Adrian. WWI. Guerre de surface française ; guerre souterraine allemande. Les baraques-type Adrian, Nissan, Döcker, etc. L’industrie militaire.
6- Expositions universelles et colonisation (1885-1914) Génies militaires et génies civils : la recherche de bâtiments économiques. Le classement de Georges Espitallier. De nouveaux matériaux de construction plus légers et adaptés à la rapidité d’exécution, dans le dernier tiers du 19es. La construction légère et démontable au service de la colonisation. Bois et métal, toile et corde.
7- Le génie militaire constructeur (1820-1880) Les écoles d’officiers. Enseignements et recherches. L’aura internationale des casernes françaises. Le bois, l’acier et le béton en pied de paix. Guerre aérienne, guerre souterraine.
8- La proto-industrie des constructions légère et lourde (1804-1884) Un des tout premiers traités de « technologie » : Traité de l’art du casernement des troupe en campagne (1804), léger et pionnier. Les éléments d’industrialisation lourde : briques, tuiles, traverses, chaux hydrauliques et ciments. Les chemins de fer vecteurs de la production en série.
9- Conclusion. L’industrialisation de la construction : forme accomplie de l’industrie. Comparaison avec la chimie industrielle et de la mécanique industrielle. Trois modèles : le vélo, l’automobile et l’avion. La ville industrielle dominée par les réseaux.