Séminaire 2010
Séminaire Histoire de la construction 2010
Organisé par
- le Laboratoire de médiévistique occidentale de Paris (UMR 8589, Université Panthéon-Sorbonne – Paris 1),
- l’Institut d’histoire du droit (umr 7184, Université Panthéon-Assas – Paris 2) et l’Université de Paris Est/Marne-la-Vallée.
En association avec
- la « Sapienza » Università di Roma, Dipartimento di storia dell’Architettura, restauro e conservazione dei beni architettonici,
- le Departamento de História – ICS, Universidade do Minho; CITCEM et la Katholieke Universiteit Leuven, department Architektuer Stedenbouw en Ruimtelijke Ordening
Le séminaire porte sur l’histoire de la construction envisagée tant du point de vue technique que social, juridique ou économique. Il entend faire une large place à une approche comparative appuyée sur la richesse de l’actualité des travaux dans ce domaine à l’échelle internationale, pour les périodes médiévale et moderne.
Un tel lieu de diffusion et d’échange sur l’histoire de la construction n’existe plus, actuellement, sur Paris alors même que les recherches dans ce domaine connaissent un essor remarquable depuis plusieurs années. Il entend relayer, en quelque sorte, par un travail plus en profondeur à destination des étudiants et des chercheurs, les apports indéniables des congrès tant internationaux que nationaux tenus régulièrement sur ce thème.
Le séminaire s’articule en 6 séances annuelles d’une journée qui auront lieu dans les locaux du Lamop, à Villejuif (Salle de conférences, Bâtiment D, rez-de-chaussée).
Chaque séminaire, après une présentation historiographique de la thématique de la journée, permettra à trois ou quatre intervenants d’exposer l’état de leurs recherches et réflexion sur le sujet retenu. Le but de telles journées est de proposer un lieu d’échanges entre personnes travaillant, autant que possible, à partir de sources différentes (archéologiques, textuelles…), voire des hommes de l’art travaillant aujourd’hui sur des restaurations (compagnons…), dans des aires géographiques et sur des périodes diverses. La séance sera clôturée par une revue critique de publications portant sur l’histoire de la construction.
Lieu : Groupe des laboratoires de Villejuif, 7 rue Guy Môquet, 94800, Villejuif – Salle de conférences, Bâtiment D, rez-de-chaussée.
Renseignements : bernardi.philippe[à]wanadoo.fr ; rcarvais[à]noos.fr
Programme
Première séance
Le lieu du chantier
Lundi 18 janvier 2010, 10h-13h et 14h-17h
Le chantier est une notion ambivalente et paradoxale. Comme il peut être fixe ou itinérant, ouvert ou fermé, désordonné ou organisé, la diversité des actions qui s’y déroulent contribue à brouiller notre compréhension du monde de la construction. Notre propos serait de montrer que cette difficulté de saisir le chantier ne nous empêche pas d’en avoir une vision complète. En effet, le chantier est un lieu de vie, de partage à la fois de la peine (travail) comme du savoir (apprentissage), de la violence (contestation) comme de la solidarité (repas, repos). La « loge », comme la chambre au trait, autant de manifestations de l’éclatement du chantier constructif, constituent-ils des épiphénomènes médiévaux ou perdurent-ils à l’époque moderne ?
Deuxième séance
Organisation du travail
Lundi 22 février 2010, 10h-13h et 14h-17h
Notre approche de ce vaste sujet se bornerait, dans un premier temps à envisager la question de l’outillage. Alors que l’étude des traces laissées sur la matière (pierre mais aussi bois) se développe au point de prendre la forme d’une véritable discipline, qu’en est-il de notre connaissance de l’outillage des constructeurs ? Objet de commerce et d’entretien, objet éminemment pratique mais aussi symbolique, l’outil pourra être évoqué à travers sa représentation, sa mention, sa trace mais aussi les vestiges ou les témoins que l’on en conserve.
Troisième séance
Les fondations
Lundi 15 mars 2010, 10h-13h et 14h-17h
(Séance coordonnée par la « Sapienza » Università di Roma, Dipartimento di storia dell’Architettura, restauro e conservazione dei beni architettonici – Mme Daniela Esposito)
Cette séance portera sur la question des fondations abordées tant du point de vue du rituel que du point de vue technique. L’acte de fonder un édifice est, en effet, une des phases constructives les plus chargées symboliquement, ce dont attestent, par exemple, la cérémonie de la pose de la première pierre, comme l’usage récurrent de réemplois en fondations. C’est également une opération technique essentielle et délicate qui a préoccupé la plupart des constructeurs, pour laquelle de multiples solutions ont été recherchées et trouvées mais sur laquelle peu de travaux historiques ont été conduits jusqu’à ce jour.
Quatrième séance
La population des bâtisseurs
Lundi 3 mai 2010
10h-13h et 14h-17h
(Séance coordonnée par l’Universidade do Minho, Instituto de Ciências Sociais – M. Arnaldo Rui Azevedo de Sousa Melo)
Parmi les nombreuses questions que sous-tend ce thème, nous en retiendrons trois : la composition, le statut et le nombre. La première tenterait de nommer tous les membres qui la constituent dans leur extrême variété et de remettre chacun d’entre eux à la place qu’il mérite. Si, à propos des chantiers monumentaux, les travaux historiques ne s’intéressent souvent qu’à l’intervention d’architectes, d’ingénieurs, voire de maîtres d’œuvre, il est temps de rénover notre approche en tenant compte de la construction ordinaire qui devrait mettre en avant le rôle des maçons, charpentiers, bref des artisans et des entrepreneurs. La seconde nous mènerait à revisiter les relations que les gens du bâtiment entretiennent entre eux et avec le reste de la société de leur époque. Agissent-ils comme appartenant à un métier, à un groupe socio-professionnel, ou comme des hommes de leur temps vaquant à une de leurs occupations ? La troisième enfin devrait nous permettre d’estimer quantitativement les effectifs d’un chantier sachant que ce dernier peut mobiliser, selon les cas, des milliers de manœuvres sous la direction de quelques maîtres, comme quelques artisans sous le contrôle d’une dizaine de savants. Les réponses à ces interrogations devraient notamment tenir compte des changements de statuts que chaque individu peut revendiquer au cours de son existence.
Cinquième séance
Projet et implantation
Lundi 31 mai 2010, 10h-13h et 14h-17h
(Séance coordonnée par la Katholieke Universiteit Leuven, department Architektuer Stedenbouw en Ruimtelijke Ordening – Mme Krista de Jonge)
Plans, dessins, modèles, exemples, contrat, devis… le projet architectural a pris diverses formes auxquelles la recherche a diversement prêté attention et sur lesquelles nous souhaitons revenir. Le projet sera alors envisagé jusqu’à sa première traduction formelle sur le terrain : l’implantation. Nous souhaitons évoquer dans ce cadre les manières dont, concrètement, les limites ou les dimensions du bâtiment à édifier étaient marquées, y compris lorsque l’emplacement prévu était déjà occupé par des constructions.
Sixième et dernière séance
Économie et construction
Lundi 21 juin 2010, 10h-13h et 14h-17h
« Quand le bâtiment va, tout va » ! Cette expression imagée de la langue française qui transforme en indice de prospérité économique les résultats du secteur constructif, ce dicton populaire inventé au XIXe siècle qui a survécu indubitablement et « scientifiquement » jusqu’à notre époque, mérite-t-il d’être invoqué dès le Moyen Âge ? Quelles sources peuvent être mobilisées à cet effet ? Certes, d’abord des pièces comptables du chantier pour en mesurer l’impact économique le plus exact possible, mais on ne doit pas oublier les documents juridiques initiaux comme les prix-faits, les marchés et devis et leurs avenants, comme les expertises finales qui traduisent souvent une réalité effective. À une époque sans statistiques comment ramener des études micro-économiques de chantier à une tendance macro-économique de la construction ? Quels critères pour calculer le poids de la construction au niveau national ?
Photographie :
« Indiens transportant des blocs de pierre sur leur dos pour la construction d’un immeuble », c. 1927, © Tina Modotti, Coll. Ruth et Labrie Ritchie