Séminaire Histoire de la construction 9 mars 2021

Organisé par :
Le Centre de théorie et analyse du droit (CTAD) UMR 7074, CNRS – Université Paris Nanterre
Le Laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident (UMR 8546, ENS-CNRS-EPHE)
et
Le Laboratoire Orient & Méditerranée. Textes Archéologie Histoire (UMR 8167, CNRS-Sorbonne – Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne)
avec le soutien de l’EUR Transliterræ.

Mardi 9 mars 2021
de 9h30 à 13h00

Lieu : en visio-conférence

Séance doctorale
Construire sous terre : les architectures hypogées de l’antiquité à l’époque moderne

9h30 Introduction par Nicolas Moucheront, Università Iuav di Venezia / EHESS
9h45 Marina Covolan, Università degli Studi di Salerno
Chambres funéraires hypogées et semi-hypogées dans la nécropole septentrionale de Cumes à l’époque romaine
10h30 Alexandra Spühler, Université de Lausanne
Le système de chauffage par hypocauste dans les thermes romains : le cas des thermes publics d’Avenches en Suisse
11h15 Katia Martignago, Università Iuav di Venezia
Cripte, catacombe, sacrestie: viaggio nei sotterranei delle chiese di Venezia
12h00 Revue de publications récentes sur l’histoire de la construction

Résumés

Marina Covolan est doctorante à l’Università degli Studi di Salerno. Sa thèse « Tra utilitas, distributio e perpetuitas : l’impiego del tufo giallo napoletano nell’edilizia pompeiana » est dirigée par le professeur Alfonso Santoriello (Università degli Studi di Salerno) et par Hélène Dessales (CNRS, ENS, AOROC). Ce travail de doctorat prend en compte les différents aspects technologiques et économiques de l’emploi d’un litotype particulier à Pompéi. Ses principales collaborations concernent la fouille de la Nécropole septentrionale de Cumes (Centre Jean Bérard CJB, USR 3133 – CNRS/EfR) et la participation à RECAP « Reconstruire après un séisme. Expériences antiques et innovations à Pompéi », un projet dirigé par Hélène Dessales. Elle collabore aussi à l’étude « Artisanat dans l’aire vésuvienne : le cas de la pierre » dirigée par l’architecte G. Chapelin (Centre Jean Bérard CJB, USR 3133 – CNRS/EfR) et l’archéologue G. Vincent (Inrap), qui concerne les supports verticaux présents au premier étage dans les maisons romaines à Pompéi et Herculanum.

Chambres funéraires hypogées et semi-hypogées dans la nécropole septentrionale de Cumes à l’époque romaine.

La nécropole septentrionale est la mieux connue des nécropoles de la ville antique de Cumes. Elle s’est développée sur un temps long allant de la période préromaine jusqu’à l’époque tardo-antique. Des fouilles extensives ont permis de découvrir environ 50 mausolées. Les monuments funéraires romains sont nombreux et une de leurs caractéristiques est la présence de chambres hypogées et semi-hypogées. Seront analysées dans un premier temps les raisons et les motivations à l’origine du développement de cette typologie de mausolée. Comment étaient-ils vus et ressentis dans l’Antiquité ? Ensuite seront analysées les pratiques constructives récurrentes pour l’aménagement des espaces funéraires hypogées et semi-hypogées : par exemple, la mise en œuvre des fondations, l’utilisation des échafaudages, la présence ou l’absence de parements à l’extérieur. Certaines de ces pratiques ont été utilisées spécifiquement pour avoir la possibilité de construire dans le contexte particulier de Cumes, où la nappe phréatique est très haute : il a imposé des mesures préventives aux bâtisseurs anciens, d’autant que la roche privilégiée dans les bâtiments, un tuf volcanique (tufo giallo napoletano) résiste peu à l’humidité.

Bibliographie sélective
M. Covolan, « Tegulae fratte: tre casi di reimpiego nella prima eta’ imperiale dalla Necropoli di Cuma, in Demolire, riciclare, reinventare. La lunga vita e l’eredità del laterizio romano nella storia dell’architettura », III Workshop internazionale « Laterizio », Mar 2019, Rome, Italy, c.d.s.
P. Munzi, M. Covolan, M. Leone, D. Neyme, « Il mausoleo dei “girali d’acanto” della necropoli di Cuma », in P. Giulierini, A. Coralini, V. Sampaolo, La pittura vesuviana. Picta Fragmenta. Una rilettura, Silvana Editore, 2020, p. 73-87.
M. Covolan, « Venustius est reticulatum. L’evoluzione dell’opera reticolata a Cuma », in REUDAR, Europea Journal of Roman Architecture, 1, 2017, p. 7-24. e-ISSN 2603-6177; doi.org/10.21071/reudar.v1i0.10161
M. Covolan, B. Lemaire, « Measuring the Roman building sites. The case of the opus reticulatum in the Necropolis of the Porta mediana in Cumae », in Proceedings of 3rd IMEKO International Conference on Metrology for Archaeology and Cultural Heritage, Lecce, 23-25 ottobre 2017, 2017, p. 122-128
Pour les autres recherches sur la Nécropoles septentrionale de Cumes :
https://centrejeanberard.cnrs.fr/spip.php?article34&lang=fr

Alexandra Spühler est doctorante en archéologie à l’université de Lausanne sous la direction du prof. Michel Fuchs. Son sujet de thèse porte sur l’architecture et les revêtements décoratifs des thermes publics du forum d’Avenches. En 2020, dans le cadre d’une bourse de mobilité, elle a séjourné à Paris, au laboratoire Archéologie et Philologie d’Orient et d’Occident sous la supervision d’Hélène Dessales. Depuis 2010, elle travaille au Musée romain d’Avenches en tant que responsable de l’inventaire et de l’étude des peintures murales romaines. Elle collabore également au projet d’étude des enduits peints fragmentaires de la Maison des Peintres au travail à Pompéi, dirigé par le prof. Michel Fuchs.

Le système de chauffage par hypocauste dans les thermes romains : le cas des thermes publics d’Avenches en Suisse.

L’hypocauste est une construction aménagée en sous-sol dont le principe consiste à faire circuler de l’air chaud sous un sol surélevé et soutenu par des pilettes (Vitruve, De Arch., V, 10). Dans un premier temps, nous aborderons l’origine et l’histoire du chauffage par hypocauste qui sont étroitement liées à l’histoire et l’évolution des bains dans l’Antiquité. Dans un second temps, nous détaillerons la construction et le fonctionnement de ce dispositif de chauffage au travers de l’étude des thermes publics de l’insula 29 d’Aventicum (Avenches). Situés au nord-est du forum, les thermes de l’insula 29 ont été édifiés à partir de 77 ap. J.-C. dans le cadre du programme d’équipement urbain imposé par le nouveau statut de la cité élevée au rang de colonie. Les dimensions (105,5 x 71 m) font de ces bains les plus importants de la ville antique. Connu depuis le XIXe siècle, ce vaste complexe architectural, qui a fait l’objet de plusieurs interventions archéologiques depuis les années 50, n’a été que partiellement exploré. Aujourd’hui, abritée sous un couvert de protection, une partie du corps principal est encore visible dont une partie des hypocaustes du tepidarium et du caldarium.

Bibliographie sélective
A. Bouet, Les matériaux de construction en terre cuite dans les thermes de la Gaule Narbonnaise (Scripta antiqua 1), Bordeaux, Paris, 1999.
A. Bouet, Les thermes privés et publics en Gaule Narbonnaise (Collection de l’Ecole française de Rome 320), Rome, 2003.
A. Bouet (dir.), « Thermae Gallicae » : les thermes de Barzan (Charente-Maritime) et les thermes des provinces gauloises (Mémoires Ausonius 10 ; Aquitania suppl. 11), Bordeaux, 2003.
J.-M. Degbomont, Le chauffage par hypocauste dans l’habitat privé. De la place St-Lambert à Liège à l’Aula Palatina de Trèves (Etudes et Recherches Archéologiques de l’Université de Liège 17), Liège, 1984.
Ch. Martin Pruvot, avec diverses contributions, L’insula 19 à Avenches. De l’édifice tibérien aux thermes du IIe siècle (Aventicum XIV ; CAR 103), Lausanne, 2006.
A. Spühler, « Un décor à réseau des thermes publics de l’insula 29 à Avenches », in J. Boislève, A. Dardenay, F. Monier (éd.), Peintures et stucs d’époque romaine. Etudes toichographologiques. Actes du 29e colloque de l’AFPMA (Louvres, 18-19 nov. 2016) (Pictor 7), Bordeaux, 2018, p. 77-84.
Y. Thébert, Thermes romains d’Afrique du nord et leur contexte méditerranéen (Etudes d’histoire et d’archéologie, Bibliothèque des Ecoles françaises d’Athènes et de Rome 315), Rome, 2003.

Katia Martignago a passé un diplôme en histoire de l’art à l’université Ca’ Foscari en discutant une thèse sur la reconstruction au XVIIIe siècle de l’église San Simen Piccolo à Venise. Elle s’est en outre occupée de dessin d’architecture, en collaborant à la rédaction des notices du Corpus de arquitectura jesuistica (http://corpusdearquitecturajesuitica.unizar.es/index.html) et des fonds Giacomo Quarenghi des Gallerie dell’Accademia di Venezia (Disegni di Giacomo Quarenghi. Progetti architettonici, a cura di Annalisa Perissa Torrini, Valeria Poletto, 2018) et de l’Académie des BeauxArts de Venise (Giacomo Quarenghi e l’Accademia di Belle Arti di Venezia, a cura di Alberto Giorgio Cassani, 2018). Elle est actuellement inscrite dans le XXXIII cycle du doctorat en Architecture, Ville et Design de l’université Iuav de Venise. Le thème de sa recherche est le dessin d’architecture dans le contexte du Grand Tour à partir de la collection réunie par John Stuart III Conte de Bute pendant ses séjours en Italie entre 1768 et 1771.

Cripte, catacombe, sacrestie: viaggio nei sotterranei delle chiese di Venezia

Malgré la nature particulière du sol de Venise, nombre de ses églises présentent des espaces souterrains. Avec ce terme nous souhaitons indiquer tant des espaces qui aujourd’hui se trouvent sous le niveau de la rue que des espaces qui ont été aménagés à l’intérieur du soubassement sur lequel s’appuie le corps principal de l’édifice.
Ces lieux cachés et inaccessibles au public tombent souvent dans l’oubli et sont peu étudiés dans les publications spécialisées. Ils ont bien souvent été créés pour répondre à des exigences d’organisation de la liturgie par les religieux qui administraient l’église. Principalement situés sous la zone de l’autel, ils remploient souvent des éléments issus d’édifices précédents mais sont parfois prévus dès l’origine dans les projets d’églises construites ex novo.
Nous proposons de réaliser un panorama de ces espaces, en fournissant une description des lieux et des fonctions auxquelles ils étaient dévolus (sacristie, lieu de sépulture, lieu de prière). Une attention particulière sera dédiée à l’église de San Simeno Piccolo qui s’appuie sur un haut podium à l’intérieur duquel se trouve un espace à l’origine utilisé comme cimetière.

Bibliographie sélective
K. Martignago, « Scalfarotto, Giovanni », Dizionario biografico degli Italiani, vol. 91, 2019.
K. Martignago, « Redentore, Salute, Tolentini: i sottocori delle chiese monastiche », in M. Zorzi (a cura di), Le cripte di Venezia. Gli ambienti di culto sommersi della cristianità medievale, Treviso, Chartesia, 2018, p. 180-199