Soutenance de thèse de Francisco Mamani Fuentes

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« Enlazada con grande artificio. La charpenterie de lo blanco dans l’architecture religieuse de la vice-royauté du Pérou aux XVIe et XVIIe siècles »

La soutenance se déroulera le samedi 1er octobre 2022, à 14h, à l’École Normale Supérieure, salle Weil (45, rue d’Ulm 75005 Paris), en vue de l’obtention du Doctorat en Esthétique, histoire et théorie des arts de l’Université Paris Sciences et Lettres, préparé à l’École Normale Supérieure en cotutelle avec le Doctorado en Historia y Artes de l’Universidad de Granada (Espagne).

Membres du jury :
Jean Paul ZUNIGA, Directeur d’études, Écoles des hautes études en sciences sociales : rapporteur
Valérie NÈGRE, Professeure des Universités, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne : rapportrice
Robert CARVAIS, Directeur de recherche émérite, Université Paris Nanterre-CNRS : examinateur
Enrique NUERE, Académico, Real Academia de Bellas Artes de San Fernando : examinateur
Pilar MOGOLLÓN, Catedrática, Universidad de Extremadura : examinatrice
Yolanda FERNÁNDEZ, Profesora titular, Universidad de Extremadura : examinatrice
Nadeije LANEYRIE-DAGEN, Professeure, École Normale Supérieure : directrice
Rafael LÓPEZ GUZMÁN, Catedrático, Universidad de Granada : directeur

La soutenance sera également diffusée en ligne. Veuillez bien contacter Francisco Mamani Fuentes pour recevoir le lien : fmamanif@gmail.com.

Les langues de la soutenance seront le français et l’espagnol.

Résumé de la thèse

La charpenterie de lo blanco est le nom donné dans le monde hispanique à la technique de construction des charpentes. Dans l’Amérique espagnole, cette technique est devenue l’une des plus utilisées dans l’architecture religieuse, tant dans ses formes les plus élaborées que les plus simples. Afin d’étudier la charpenterie de lo blanco en Amérique, nous nous sommes concentrés sur ses diverses manifestations techniques dans la vice-royauté du Pérou aux XVIe et XVIIe siècles, en accordant une attention particulière aux charpentes et à leurs constructeurs : les charpentiers.
Le concept de transfert a été appliqué à l’histoire de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne, en le comprenant comme un processus de circulation affecté à l’agentivité des charpentiers. Ce transfert n’est pas seulement unidirectionnel, du fait de l’implantation de la technique dans les Andes : il est également bidirectionnel car traversé par un processus de négociation avec les techniques de construction locales.
Pour étudier la technique et les charpentiers, nous avons utilisé, d’une part, une méthodologie mixte issue de la l’herméneutique et de l’analyse déductive-inductive pour l’étude des sources documentaires et de l’historiographie, et d’autre part l’observation des charpentes sous les critères typologiques de forme, de construction et de décoration.

Les résultats de la thèse sont les suivants :

1) L’arrivée de charpentiers espagnols dans les Andes à partir de la troisième décennie du XVIe siècle a été le principal moyen de développement de la charpenterie de lo blanco, adaptée aux besoins de construction imposés par l’établissement du pouvoir espagnol. Ce contexte a favorisé l’apprentissage de la technique par les Amérindiens, les Africains et les premières générations de personnes nées du métissage, qui sont à leur tour devenus des constructeurs de charpentes. Ces structures se sont complexifiées vers la fin du XVIe siècle, avec l’apparition de charpentes à entrelacs dans les villes les plus importantes de la vice-royauté : Lima, Santafé, Tunja, Quito, La Plata et Potosí.

2) Le développement de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté du Pérou n’aurait pas été possible avec les seules compétences des charpentiers espagnols ; un apprentissage lié aux techniques de construction andines a été nécessaire et a permis de connaître les essences et les effets du climat et de l’intense activité sismique.

3) La corporation des charpentiers n’a pas été la seule responsable de la construction des charpentes : un grand nombre d’entre elles ont été fabriquées dans des endroits où la corporation n’avait pas d’influence et d’autres par des membres d’ordres religieux.

4) La première moitié du XVIIe siècle correspond à l’apogée de la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne, en raison des nombreuses solutions constructives réalisées par les charpentiers : charpentes et coupoles à entrelacs, charpentes recouvertes de planches de bois sur lesquelles apparaissent différents types de décorations, et charpentes recouvertes d’une couche de boue mélangée à des fibres d’origine végétale et animale. 5) Bien que tout porte à croire que la technique se renforcera après la publication du traité de charpenterie de Diego López de Arenas (Séville, 1633), sa diffusion tardive dans la vice-royauté péruvienne au cours de la seconde moitié du XVIIe siècle n’a pas pu empêcher les changements qui s’opéraient dans la construction des édifices religieux en raison des tremblements de terre et des nouvelles tendances architecturales. Cependant, si de nombreuses charpentes ont disparu au XVIIe siècle, d’autres ont survécu jusqu’à nos jours.

Cette thèse présente donc la charpenterie de lo blanco dans la vice-royauté péruvienne comme une technique hybride entre l’ibérique et l’andin, devenant une partie fondamentale du patrimoine architectural américain et des techniques de construction actuellement utilisées dans les Andes.