Soutenance de thèse Tiffanie Le Dantec
Les façades enduites au plâtre d’Île-de-France. Le déclin du plâtre extérieur, du XVIIe au XXe siècle
L’Ecole doctorale Sciences de l’Homme et de la Société de l’Université Paris-Saclay et le laboratoire recherche de l’Ecole nationale supérieure d’architecture de Versailles – LéaV, ont le plaisir de vous annoncer la soutenance publique de la thèse de
Madame Tiffanie Le Dantec, sous la direction de Madame Nadia Hoyet (Professeur émérite, Ensa de Versailles) intitulée :
» Les façades enduites au plâtre d’Île-de-France. Le déclin du plâtre extérieur, du XVIIe au XXe siècle «
Lieu : Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles
Salle des conseils (petite écurie – niveau 2)
5 avenue de Sceaux – 78000 Versailles
Date : jeudi 10 janvier à 10H
Composition du jury :
Mme Nadia Hoyet, Professeur Emérite, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, Directeur de thèse.
M. Jean-Claude Yon, Professeur des Universités, Centre d’histoire culturelle des sociétés contemporaines, Codirecteur de thèse.
Mme Annalisa Viati Navone, Professeur, Ecole Nationale Supérieure d’Architecture de Versailles, Examinateur.
Mme Véronique Vergès-Belmin, Ingénieur de recherche, Laboratoire de Recherche des Monuments Historiques, Examinateur.
Mme Valérie Nègre, Professeur, Université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, Rapporteur.
M. Robert Carvais, Directeur de Recherche, Université Paris Ouest Nanterre La Défense, Rapporteur.
Résumé :
La
notoriété du plâtre de Paris dépasse les frontières de la France, voire
même les frontières de notre Terre si on considère que James Lovell,
alors en orbite autour de la Lune lors de la mission Apollo 8, la
décrivit en utilisant l’expression « plaster of Paris ». Son utilisation
pour le moulage, la sculpture, les décors architecturaux associés aux
productions artistiques françaises lui donnèrent ses lettres de
noblesse. Le plâtre de Paris est exporté de par le monde dès le Moyen
Âge et sa qualité est vantée par les voyageurs de passage. En effet, ce
plâtre local est réputé pour sa qualité mais aussi pour sa quantité, la
butte Montmartre étant un témoin évident de l’abondance du gypse dans le
Bassin parisien. Mais au-delà du plâtre à mouler, visible dans les
salons et les musées, le plâtre est avant toute chose un des matériaux
les plus utilisé dans la construction francilienne, et l’un des plus
visibles. La moitié des bâtiments parisiens et une grande partie du bâti
historique d’Île-de-France offrent encore à la vue du passant des
façades enduites en plâtre, datant d’entre le XVIIe siècle et le milieu
du XXe siècle. Cependant, les enduits de plâtre sont confondus avec des
enduits de ciment ou de chaux, sont appelés à tort plâtre-et-chaux et
sont parfois recouverts de peintures épaisses qui brouillent leur
observation. De ce fait, les enduits, souvent qualifiés d’ouvrages
constructifs mineurs, sont peu étudiés et le plâtre reste un matériau
encore ignoré malgré un regain d’intérêt de la part des chercheurs sur
les matériaux « pauvres » tels que la chaux ou la terre. Les enduits au
plâtre ont pourtant une valeur autre qu’historique et technique.
L’esthétique de leur riche ornementation qui cisèle les parements
d’ombre et de lumière, mais également leurs couleurs et leurs textures,
participent pour beaucoup aux ambiances urbaines.
Cette étude se
propose d’explorer le déclin de l’utilisation du plâtre en façade à
travers l’analyse d’un corpus de soixante édifices soit une centaine de
façades décrites et intégrées à une base de données et à un Système
d’Information Géographique (SIG). Les enduits observés couvrent trois
siècles, de l’âge d’or de la pratique au XVIIe siècle jusqu’à la
disparition des savoir-faire suite aux grands conflits du XXe siècle, en
passant par les changements drastiques dans la fabrication des
matériaux lors de la révolution industrielle. La lecture des traités de
construction, des journaux, des brevets d’invention et l’étude de devis
de maçonnerie et de procès-verbaux d’experts du bâtiment complètent la
recherche de terrain par une étude historique.
De 1667 aux années
1980, l’usage du plâtre en extérieur est décortiqué à travers
l’évolution de l’extraction, de la fabrication, de la mise en œuvre du
plâtre et de la conception des façades. La thèse explore comment, de
matériau incontournable à la construction, le plâtre est peu à peu
relégué aux décors intérieurs au fur et à mesure de l’altération de sa
qualité et de la disparition des savoir-faire locaux.
Abstract :
Plaster
of Paris’ notoriety exceeds France’s national borders. It even exceeds
our planet’s borders if we consider that James Lovell, orbiting the Moon
during Apollo 8 mission, described our satellite using the expression «
plaster of Paris ». Its use in moulding, sculpture, architectural
ornaments in French artistic production built its reputation. Plaster of
Paris is worldwide exported since the Middle Ages and its good quality
was praised by travelers of this time.
Indeed, this local material
has a reputation of good quality but also of huge quantity, Montmartre
hill being a geological witness of gypsum abundance in the area. Beyond
plaster for moulding, gypsum plaster is one of the most used materials
for building construction in the Paris area, and one the most obvious
one. In fact, half of Paris ancient buildings and a large part of
historical buildings in the region Ile-de-France have facades covered
with gypsum-based renders and ornaments. These features can still be
observed today and date from the seventeenth century to the first half
of the twentieth century. However, gypsum renders are still mistaken
with lime or cement renders, people call them gypsum-and-lime renders
and most of them are covered by thick layers of recent paints, making
their observation difficult. Renders are often qualified as minor items
in the construction field and are not studied much, while external
gypsum plaster is still mostly ignored even though there is a renewal
for this kind of materials thanks to wider studies on the uses of earth
and lime. Gypsum renders, though, have historical and technical values,
but are also aesthetically pleasing. Their rich ornamentation carves
facades with lights and shadows, colors and textures. The skin of the
buildings shapes the urban atmosphere.
Our study will explore the
rise and fall of external gypsum renders through the analysis of sixty
buildings and one hundred facades which have been put into a database
and a Geographical Information System (GIS). The studied facades have
been built and rendered over three centuries, from the golden age of the
seventeenth century to the loss of know-how in the second half of the
twentieth century. The period of the industrial revolution is carefully
analyzed as the industrial sector experienced drastic changes in the
process of making plaster. This fieldwork is completed with historical
research based upon the readings of construction treatises, newspapers,
invention patents, building cost estimates and building experts’
statements from various centuries.
The use of external gypsum
renders is analyzed from 1667 until 1980, through the evolution of the
extraction, production and execution processes as well as building
conception. This report expresses how gypsum plaster was an essential
material for construction and slowly became a fragile one, only good to
use in decoration and internal works, as its legendary good quality
deteriorated and local know-how disappeared.